DEADPOOL 2 [Critique] Effort Maximum

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Après le succès phénoménal du premier volet le « merc with a mouth » (le mercenaire à grande gueule son surnom des comics) revient, toujours incarné par l’interprète/producteur Ryan Reynolds, crédité cette fois également comme co-scénariste aux cotés des auteurs du premier Rhett Reese et Paul Wernick (Zombieland , Life). Manque à l’appel le réalisateur de l’original Tim Miller parti pour cause de « divergences artistiques »  remplacé par David Leitch (John Wick, Atomic Blonde) accompagné de son directeur de la photographie le français (Cocorico !) Jonathan Sela.

Deadpool 2 s’inscrit dans la tradition des suites  « bigger and better » , sur le modèle de Terminator 2 qui reprennent peu ou prou la structure et les éléments de l’original pour les multiplier par un facteur 1000. Le spectateur est pris deux heures durant dans une avalanche d’humour scabreux ou meta-textuel et d’ultra violence cartoonesque. Deadpool 2 étend son univers en y ajoutant de nombreux protagonistes issus du comics, au premier rang desquels on retrouve Domino et Cable. Ces deux personnages fruits de l’ »imagination » (les guillemets sont là car ses créations sont souvent inspirées d’autres personnages) du créateur de DeadpoolRob Liefeld, sont issus de la même période des comics, les années 90, une phase un peu adolescente marquée par des personnages outrageusement violents et DARK dont Cable mélange improbable de mutant et de cyborg (comme Terminator) au passé mystérieux (comme Wolverine) est sans doute  l’archétype.
Le film s’ouvre  sur notre anti-héros allongé sur des barils d’essence tentant de mettre fin à ses jours. Il nous explique  brisant à son habitude le quatrième mur comment il  est arrivé à cette extrémité avec un montage uber-violent où le metteur en scène d’Atomic Blonde fait d’emblée sentir sa présence, qui se conclue par un moment choc qui va placer notre mercenaire sur la voie de la rédemption. Passé un générique Bondien (sur une chanson de Céline DionDeadpool se décide de rejoindre les X-Men,  à la grande joie de Colossus le héros métallique russe que l’on retrouve avec  Teenage Negasonic Warhead (Brianna Hildebrandt). A leurs cotés, Wade Wilsonintervient pour  neutraliser un jeune mutant Russel, incarné par Julian Dennison (Hunt for the Wilderpeople) qui menace de détruire un mystérieux institut. Les choses dégénèrent et notre héros se retrouve incarcéré aux cotés de l’adolescent dans une prison spécialement conçue pour les mutants. Mais cette incarcération est bientôt le cadet de ses soucis car le jeune Russelest bientôt la cible d’un mystérieux cyborg venu du futur Cable. Deadpool va devoir se muer en protecteur et, pour sauver l’adolescent, en leader d’une équipe de super-héros, mais c’est peut-être trop lui demander..
Comme le Deapool de papier a fini par devenir une auto-parodie des excès de la narration  des comics des années 90  le Deadpool de cinéma s’attaquait au genre super-héroïque dans son ensemble. Cette tendance prend ici des proportions gigantesques, Deadpool 2 tel un trou noir absorbe toute la matière qui le constitue pour nourrir  de multiples niveaux de commentaire et de parodie digne des ZAZ de la grande époque : se moquant des films de super-héros : des X-Men de la Fox en passant par les Avengers (la présence de Brolin aidant) jusqu’au DC Universe  mais aussi de toutes les tendances du cinéma US. Deadpool 2 parvient à honorer les thèmes et l’esthétique des comics X-Men comme rarement tout en les moquant sauvagement, utilisant justement cette retranscription fidèle pour les tourner en ridicule. Le traitement du personnage de Shatterstar en est un bel exemple de même que les scènes d’introduction de Cable qui, en reproduisant parfois plan pour plan des cadres du Terminator de James Cameron se moque des inspirations du personnage. Mais si le film parvient à cet équilibre entre fidélité et dérision c’est sans doute que ses concepteurs ont une vraie affection pour le monde du comics. Affection  qui se ressent dans la structure de l’intrigue typique des histoires de l’univers mutant et qui s’offre la participation d’un personnage assez majeur des comics dont nous ne dévoileront pas l’identité ici et que Ryan Reynolds semble adorer.

Nous  adorons ici le travail de David Leitch qui a développé une véritable philosophie de l’action qu’il veut certes incessante et cinétique mais toujours lisible la laissant se développer en plans larges, sans coupes intempestives se reposant  sur les prouesses physiques des équipes de cascadeurs. L’univers excessif et comic-booky du film, les différents super-pouvoirs des personnages et le déplacement constant des lieux de l’action lui donne les outils pour élaborer des chorégraphies de haut niveau toutes aussi inventives que sur Atomic Blonde et John Wick,  chacune conçue pour avoir un impact maximal. Chaque combat, chaque gag lui permet d’innover dans des types de scènes d’action différentes : corps à corps, gunfight et combats super-héroïques se succèdent au cours du film à un rythme étourdissant qui peut finir par sembler épuisant. Mais ce qui sauve le film c’est qu’il parvient à dégager au milieu d’une folie cartoonesque quasi-continue qui manque parfois de le faire dérailler, une  émotion sincère lui permettant de retomber sur ses pieds de façon satisfaisante. Le script de Reynolds, Reese et Wernick parvient malgré le cynisme de son héros à investir le spectateur dans la quête deDeadpool, sous le choc d’une tragédie, pour trouver un objectif qui lui permettra de devenir (un peu) meilleur.
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Deadpool 2 doit beaucoup à l’implication de Ryan Reynolds, complètement investi dans le rôle qui « vend » chaque blague même les plus choquantes de manière totalement naturelle maniant à merveille l’autodérision, mais parvenant à glisser au milieu du délire verbal du personnage un peu d’émotion. Il y a du Jim Carrey de la grande époque dans son jeu. Dans son deuxième grand rôle de l’été US dans un CBM Josh Brolin est une nouvelle fois impressionnant d’intensité  lui que des fans trouvaient trop petit pour le rôle (ce qui fait l’objet évidemment de vannes de la part de Deadpool)  en offre une incarnation fidèle   et  iconique. Le personnage est traité avec sérieux mais plongé dans l’univers foutraque de Deadpool il sert de clown blanc face à l’incontrôlable mercenaire. Son duo avec Ryan Reynoldsfonctionne parfaitement, qu’il soit opposés ou alliés, le tandem étant parfaitement équilibré. Brolin sait aussi servir à travers ses dents serrées à la Clint Eastwood quelques répliques  qui font mouche et montre son timing comique. Dans le rôle de Domino, une mutante dont le pouvoir d’attirer la chance sert de running-gag, l’actrice Zazie Beetz vue dans la série Atlanta trouve parfaitement sa place avec décontraction, elle est enjouée et ne parait jamais impressionnée par ses partenaires.

Conclusion : Forcément moins spontané et surprenant que le premier volet, Deadpool  2, si il est conscient de sa nature, n’est jamais cynique. Porté par un casting  en phase avec le ton du film et la mise en scène cinétique de David Leitch, il parvient à offrir une suite satisfaisante qui s’achève par ce qui est sans doute la meilleure scène post-générique d’un film de super-héros.

Ma Note : B+

Deadpool 2  de David Leitch  (sortie le 16/05/2018)

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