X-Men: Days of Future Past est placé sous le signe de l’éternel retour. D’abord, celui des héros de X-Men: First Class, que l’on retrouve dix ans après les événements du film de Matthew Vaughn (Kick-Ass, Kingsman: The Secret Service). Ensuite, celui du casting original, réuni pour la première fois depuis X-Men: The Last Stand de Brett Ratner (Rush Hour, Red Dragon). Mais surtout, c’est le retour aux commandes de Bryan Singer (The Usual Suspects, X2: X-Men United), initiateur de la franchise, qui a la lourde tâche de relancer les mutants dans la guerre des adaptations de comics. Alors, retour gagnant ?
Dès l’annonce du retour de Bryan Singer, j’avoue avoir été sceptique, tant j’étais fan de X-Men: First Class et de l’énergie insufflée par Matthew Vaughn. First Class avait su capter l’essence des comics tout en renouvelant la saga. Certes, Singer, empêché à l’époque de réaliser ce volet par son contrat avec Warner pour Jack the Giant Slayer, n’avait pas eu son mot à dire. Mais son retour me laissait craindre une restauration ignorante des apports de Vaughn. Heureusement, il s’inscrit bien dans la continuité de First Class, utilisant encore une fois un contexte historique comme toile de fond, ici les Accords de Paris de 1973 qui mirent fin à la guerre du Vietnam.
Dès son ouverture, le film rend un hommage appuyé à The Terminator de James Cameron (Aliens, Avatar) avec une vision d’un New York post-apocalyptique et ses camps de la mort futuristes. Une boucle bouclée, puisque les comics The Uncanny X-Men #141-142, dont le film s’inspire, influencèrent Cameron. La scène fait également écho aux introductions de X-Men et First Class, toutes deux situées à Auschwitz. Le scénario signé Simon Kinberg (Sherlock Holmes, X-Men: The Last Stand), en collaboration avec Matthew Vaughn et Jane Goldman (Stardust, Kick-Ass), est un modèle d’équilibre entre grand spectacle et émotion. Il repose sur un choix central : celui de Mystique (Jennifer Lawrence, Hunger Games, Mother!) entre Magneto (Michael Fassbender, Shame, 12 Years a Slave) et Charles Xavier (James McAvoy, Split, Atonement).
Un défi supplémentaire était de concilier l’ensemble de la chronologie, y compris les films solos Wolverine et X-Men: The Last Stand, dont Kinberg avait signé le scénario. Cette volonté de créer une continuité unifiée grâce aux voyages temporels est fidèle à l’esprit des comics. D’ailleurs, la Fox a confié à Kinberg la coordination des licences Marvel qu’elle détient, incluant Fantastic Four, dont il signe le reboot.
Pour la première fois, Bryan Singer dispose d’un budget permettant d’exploiter pleinement les affrontements et d’introduire les Sentinelles, ces robots chasseurs de mutants, longtemps refusés par Tom Rothman, ancien patron de la Fox. La scène d’ouverture, opposant les X-Men du futur à des Sentinelles aux pouvoirs adaptatifs, donne le ton : la saga ne bride plus son ambition visuelle. Les affrontements sont précis et inventifs, notamment grâce à la mutante Blink, qui crée des portails spatiaux. Cependant, ces scènes, bien que lisibles, manquent du dynamisme de celles de Vaughn.
Le casting est toujours une force. Hugh Jackman (Logan, The Prestige) campe un Wolverine plus sage, jouant ici le mentor de Xavier, inversant la dynamique du premier X-Men. James McAvoy livre une prestation nuancée, incarnant aussi bien la déchéance que la détermination retrouvée, notamment lors de sa scène avec son alter ego futur (Patrick Stewart, Star Trek: The Next Generation, Green Room). Michael Fassbender impose un Magneto maître de son immense pouvoir, toujours aussi extrémiste, mais incapable de se détacher de Charles. Peter Dinklage (Game of Thrones, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri) brille en Bolivar Trask, scientifique dont l’idéologie rappelle la stratégie de manipulation par la peur.
Le film regorge de personnages dont les pouvoirs sont enfin pleinement exploités : Iceman dans sa forme de glace, Colossus dévoilant sa puissance. Omar Sy (Intouchables, Inferno) incarne un Bishop convaincant. Plus controversé, Evan Peters (American Horror Story, Kick-Ass) dans le rôle de Quicksilver, plus proche du personnage DC Impulse que de Pietro Maximoff. Pourtant, la séquence construite autour de ses pouvoirs est une réussite dans la lignée de celle de X2 avec Nightcrawler.
[Point de cameo de Stan Lee dans ce film mais les créateurs de comics sont à l’honneur avec lors de l’audition de Trask devant une commission sénatoriale la participation de Chris Claremont scénariste des X-Men pendant 16 ans, y compris de l’arc « Days of future Past » mais aussi de Len Wein le créateur de Wolverine.]
Côté technique, Bryan Singer retrouve ses fidèles collaborateurs : Newton Thomas Sigel (Drive, Bohemian Rhapsody) à la photographie et John Ottman (The Usual Suspects, Superman Returns) au montage et à la musique. Si ce dernier excelle au montage, sa partition, hormis le thème des X-Men, reste décevante. Les scènes avec Magneto auraient bénéficié des motifs d’Henry Jackman sur First Class.
Conclusion : Avec X-Men: Days of Future Past, Bryan Singer signe un retour gagnant, livrant un blockbuster d’été à la fois spectaculaire et riche en émotions. Porté par une mise en scène soignée, un casting solide et une ambition narrative qui synthétise l’ensemble de la saga, le film renoue avec l’excellence des meilleurs volets de la franchise. Si l’énergie brute de Matthew Vaughn manque parfois et que la partition musicale déçoit, la réussite de scènes comme celle de Quicksilver ou des affrontements avec les Sentinelles témoigne du soin apporté au spectacle. Plus qu’un simple film de super-héros, X-Men: Days of Future Past marque une véritable relance pour l’univers mutant, ouvrant la voie à une nouvelle ère.
Ma note : A-
Qui est ce personnage dans la scene post-générique [spoiler]?
La bande-annonce :
