OVERLORD (Critique)

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Il y a comme une logique à exploiter comme antagoniste de film d’horreur la plus grande manifestation du mal dans  l’Histoire qu’est le nazisme. Son idéologie , son iconographie et l’attrait de ses dignitaires pour l’ésotérisme en font un terreau fertile. Pourtant ce sous-genre compte finalement peu de représentants ,  à l’exception du  prestigieux  (charcuté à sa sortie, handicapé par le décès en plein tournage du responsable des effets spéciaux et quasi introuvable aujourd’hui) La Forteresse Noire de Michael Mann il reste cantonné à la série B ou Z . Du  Commando des morts-vivants de Ken Wiederhorn (1977) avec ses zombies nazis aquatiques à  Dead Snow de  Tommy Wirkola  jusqu’ aux  films de pure exploitation de la série des Ilsa. L’industrie du jeu vidéo a elle aussi exploité le genre dans  un des premiers succès Castle Wolfenstein sorti en 1981. Produit par J.J Abrams  et mise en scène par le réalisateur australien Julius Avery, Overlord est donc le premier film du genre à bénéficier des moyens confortables d’un studio tout en se voulant  fidèle à l’esprit du cinéma bis avec un hybride qui fusionne le cadre d’un film de guerre avec l’horreur et l’action.

Le scénario signé Billy Ray (éclectique puisque son oeuvre va de Volcano à Capitaine Philips) et Mark L.Smith (Le revenant) s’inspirent des authentiques expériences de Josef Mengele avec des savants nazis tentant de mettre au point un sérum qui réanimera les morts pour les transformer en super-soldats sur un principe familier des jeux vidéo Wolfenstein et des comics de Captain America (d’ailleurs comme dans Captain America The First Avenger il n’y a pas de croix gammée dans Overlord, lui substituant une rune nordique) . Ils expérimentent sur les cadavres de soldats décédés et sur les villageois d’un village occupé, village qui s’avère être l’objectif dans les heures qui précédent le débarquement des survivants d’un peloton aéroporté chargés de détruire l’émetteur allemand au sommet de l’église afin que l’aviation puissent fournir un soutien aérien aux troupes alliées. Le commando est constitué d’une galerie de stéréotypes du film de guerre : le G.I italo-américain grande gueule Tibett (John Magaro) , le soldat d’origine juive Rosenfeld (Dominic Applewhite) venu affronter les nazis, le photographe de guerre dépassé Chase (Iain De Caestecker) et Ford vétéran qui n’a pas peur de se salir les mains. Ce dernier incarné par Wyatt Russell (vu dans l’épisode Playtest de Black Mirror réalisé par Dan Trachtenberg) évoque son père Kurt (avec un plaisir palpable) dans un rôle qui s’inspire du McCready de The Thing avec lequel il partage de nombreux traits de caractères : expert dans son domaine, solitaire, fataliste mais déterminé à accomplir sa mission mais aussi bien évidemment un soupçon de de Snake Plissken. Autre figure familière le bleu dont les valeurs morales vont être durement éprouvées par les horreurs de la guerre Boyce incarné par Jovan Adepo (Fences). Dans la grande tradition des films bis qui surfaient sur les modes en vogue , Overlord dans le sillage de Get-out fait d’un afro-américain le héros qui va terrasser les suprématismes blancs (même si les soldats noirs n’étaient jamais intégrés à des unités aux cotés de soldats blancs) , Adepo est éminemment sympathique et rappelle Daniel Kaluuya dans le chef d’oeuvre de Jordan Peele.

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A l’image de ses inspirations de série B à Z Overlord aurait gagné à être plus ramassé,  sa durée d’une heure et cinquante minutes lui confère un rythme trop irrégulier. Julius Avery frappe fort  en  plongeant presque immédiatement (après un générique qui rappelle les films de guerre du vieil Hollywood)  dans l’esprit de  Il faut sauver le soldat Ryan  les personnages dans des situations explosives et traumatisantes mais  le film connait ensuite un ventre mou ,certes  ponctué de  quelques beaux moment de « body horror » , auquel  le caractère schématique de ses personnages  peinent à donner de la substance. Toutefois au détour d’une scène où  Ford torture un soldat  ennemi le battant quasiment à mort alors que Boyce le supplie d’arrêter, Avery glisse  un questionnement moral  sur  ce  qui sépare les forces alliées de leurs ennemis lorsque ils se mettent  à leur niveau. Sa mise en scène abandonne provisoirement la violence outrancière pour une brutalité sèche et donc dérangeante. Lorsque l’action reprend enfin , elle est sans relâche jusqu’au générique de fin et Avery multiplie les clins d’œil (The Thing , ReAnimator, Massacre à la tronçonneuse) payant respectueusement son tribut à ses aînés.

OVERLORD

Rarement un film de ce type aura bénéficié de telles « production values » avec ses effets spéciaux signés ILM  et une image  crédité à deux directeurs de la photographie  Laurie Rose (Kill List et Free Fire de Ben Wheatley) et Fabian Wagner (Game of Thrones, Justice League ) qui lui donne la patine visuelle  d’un blockbuster moderne même quand il s’abandonne aux excès gore  généralement réservé aux petits budgets. Première production Bad Robot classée R (aux USA interdit au moins de 16 ans non accompagnés)  Overlord utilise pleinement le confort de cette classification. Néanmoins , revers de la médaille cette qualité visuelle prive sans doute le film de l’aspect  « craspec »  et malsain du cinéma bis dont il se réclame,  les effets numérique  lissent et neutralisent la révulsion que provoque le gore même si le film comporte  quelques designs et effets physiques assez réjouissants comme la plaie ouverte qui défigure  vilain principal Wafner. Malgré les premiers aperçus  assez dérangeants des expériences  nazies , Overlord semble réticent à s’engager pleinement dans la voie de l’horreur pure et dure lui préférant une esthétique plus ludique de comic-book horrifique. C’est finalement le jeu outrancier et malsain du comédien danois  Pilou Asbaek (Game of Thrones, Hijacking) dans le rôle du très méchant super SS mégalomane et libidineux  qui évoque le mieux celui des acteurs grands films bis. Le jeu de Mathilde Ollivier interprète de la jeune villageoise qui assiste le commando évoque aussi celui des actrices de série Z mais sans doute pas de façon intentionnelle… Overlord  reste assez flou avec les règles de sa propre mythologie ou  plus exactement ne les établit jamais complètement, on y évoque les propriétés surnaturelles de la terre du village sans que ce point ne soit exploité ensuite,  le personnage de la tante difforme de Chloe est rapidement abandonné.

Conclusion : Fonctionnant comme un comic-book horrifique, Overlord est sans doute trop propre et timoré pour ressusciter l’aspect malsain du cinéma bis mais parce qu’il ne prétend jamais être autre chose qu’une bonne grosse série B mixant horreur et action les amateurs de films de films du samedi soir à voir entre potes en auront pour leur argent.

Ma Note : B

Overlord de Julius Avery (sortie le 21/11/2018) 

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