Vingt ans après avoir détruits la Maison Blanche les extra-terrestres reviennent …et ils ne sont pas contents . Roland Emmerich reforme son duo gagnant avec le producteur-scénariste Dean Devlin et la majeure partie de son casting original (moins Will Smith) auquel s’ajoute quelques nouvelles tetes comme Maika Monroe (It Follows).Est ce dans les veilles soucoupes qu’on fait la meilleure soupe ? réponse après le jump..
Avec Independence Day le tandem Roland Emmerich /Dean Devlin avait su capturer le zeitgeist à la fois millénariste (l’an 2000 approchait) et ufologique des années 90 grâce un concept né de l’hybridation des films de soucoupes volantes des années 50 avec les films catastrophes des années 70 confrontant un casting pléthorique et prestigieux à une cataclysme plus ou moins naturel. Avec une imagerie simple mais forte : des vaisseaux spatiaux dans le ciel des métropoles américaines, la destruction de monuments iconiques (et de très belles miniatures) et un esprit joyeux porté par un casting malin le jeune Will Smith en pleine ascension ou un Jeff Goldblum auréolé du succès de Jurassic Park le film connut un succès considérable dont l’écho s’est fait sentir durant des années dans la pop-culture via ce qui fut appelé du « disaster porn » (Armageddon, Man of Steel).
Séparé de Dean Devlin après l’échec relatif de leur Godzilla, Roland Emmerich ayant raté le coche du film de prestige (avec l’échec de the Patriot) a poursuivi sa route sur le chemin du film catastrophe sans jamais retrouver vraiment la magie et le triomphe de ID4. Porté par la vague des reboots nostalgique et le triomphe de Star Wars, la Fox lance la mise en oeuvre de cette suite devenu un serpent de mer et reforme le duo. Le casting de l’époque revient Jeff Goldblum, Bill Pullman, Vivica A. Fox, Judd Hirsch ou Brent Spiner à l’exception notable d’un Will Smith qui décide de passer son tour rejoints par de jeunes comédiens Maika Monroe (It Follows, the Guest) Liam Hemsworth, Jessie Usher. D’autres comédiens plus confirmés complètent le tableau comme William Fichtner (Armageddon,Heat) , Sela Ward ou Charlotte Gainsbourg (!!) .
Ce nouvel opus se déroule vingt ans après les événements du premier sur un monde profondément changé par l’invasion, la paix règne, la technologie alien récupérée sur le champ de bataille a permis un bond technologique inédit ainsi que la construction d’un système de défense planétaire confié à David Levinson (Jeff Goldblum) dont les avant-postes s’étendent jusqu’à des bases lunaires.Mais bientôt une seconde vague d’invasion arrive, encore plus massive…
Le choix d’une suite « en temps réel » et la tentative de faire un « Independence Day : the Next Generation » n’est pas idiot mais s’avère incapable de sauver le film pour des raisons inhérentes à son concept concept mais aussi directement imputables au réalisateur. Independance Day tirait sa force d’une idée simple « et si ça arrivait vraiment ? » ainsi la vision de soucoupes volantes fidèles à l’imagerie populaire apparaissant dans le ciel de nos villes provoquait un émerveillement chez le spectateur de même que les visions de destruction d’une ampleur inédite à l’écran réveillait quelque chose de viscéral. Le 2016 alternatif d’Independence Day: Resurgence avec sa technologie antigravitationnelle, ses bases lunaires est un univers de pure S.F que la technologie numérique qui lui donne vie éloigne encore plus du réel, là ou les maquettes et miniatures du premier film conféraient à ID4 une dimension tactile.
Certes les personnages du premier films étaient à la limite du cliché mais solidement définis par des comédiens jouant le jeu du premier degré, les nouveaux protagonistes ne sont des silhouettes de carton purement fonctionnelles exemptes de personnalité interprétées par des acteurs sans charisme à l’image de Liam « l’autre » Hemsworth. On se désole de voir la brillante Maika Monroe se perdre ici après It Follows. Les comédiens originaux sont guère mieux lotis n’ayant pas grand chose à jouer à l’image de Jeff Goldblum qui erre comme une âme en peine ou du personnage de son père relégué dans une sous-intrigue à base d’orphelins complètement inutile. Leur ennui visible fini par être communicatif.
Le film est presque entièrement dédié au spectacle, sans dramaturgie ou thématique réelle. Emmerich ne bâti aucune tension se contentant d’enchaîner les scènes qui décalquent celles du premier ou pillent les visuels de 20 ans de S.F d’Armageddon (William Fichtner n’est pas la par hasard) à Starship Troopers jusqu’à Pacific Rim et ses Kaijus. Les scènes de destruction numériques massives n’ont plus guère d’impact leur succession mécanique les privant de la moindre tension jusqu’à une conclusion ouvrant sur une hypothétique suite qui semble issue d’une parodie de sentai des Inconnus.La durée du film et sa densité font qu’on ne s’ennuie jamais et quelques visuels massifs sont assez réussis mais le compte n’y est pas.
Conclusion : La où le premier opus était une série B solide hommage à celles des 50’s et aux films catastrophes, Independence Day: Resurgence pillant 20 ans de films de S.F autour d’une intrigue nonsensique et de personnages transparents ressemble à une série Z façon Asylum et constitue l’exemple d’une suite parfaitement inutile et purement mercantile.
Ma Note : D
Independence Day: Resurgence de Roland Emmerich (sortie le 20/07/2016)