La Momie [Critique] Tom contre la momie (C-)

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Pour inaugurer son Dark universe qui assemble ses monstres classiques , Universal fait appel à Tom Cruise pour affronter une momie féminine sous les caméras d’un des coordinateurs du concept Alex Kutzman promettant un démarrage en fanfare. Promesse tenue? Ben pas vraiment…

Quatre-vingt cinq après la version de Karl Freund (directeur de la photo de Métropolis et Dracula) avec Boris Karloff  et dix-huit ans après un premier reboot à succès (et réussi) signé Stephen Sommers qui évoquait autant l’esprit d’Indiana Jones  que des classiques de l’horreur  La Momie a été choisie par Universal  pour lancer l’initiative Dark Universe une série de films remettant au gout du jour, à destination des jeunes générations, les créatures surnaturelles qui ont fait les beaux jours de la firme. Cette nouvelle itération était déjà en projet depuis 2012 un scénario ayant été commandé à Jon Spaihts (Prometheus, Passengers) destiné à Len Wiseman (Underworld) mais quand en 2014 le studio confie son concept d’un univers partagé sur le modèle du  Marvel Cinematic Universe autour de ses monstres (le Monstre de Frankenstein, Dracula, le Loup-Garou, L’Étrange Créature du lac noir, L’Homme invisible) à Chris Morgan  « showrunner » de la franchise Fast & Furious et Alex Kurtzman scénariste vedette issue de l’écurie de J.J Abrams (Alias à la télévision, MI:IIII, Transformers, The Island, Star Trek au cinéma) ce dernier reprend les commandes du projet pour en faire son deuxième film en tant que réalisateur (après l’inédit en France People Like Us).  Pour bien marquer l’ambition du projet Tom Cruise signe pour en être la vedette et affronter une momie féminine cette fois incarnée par Sofia Boutella (Kingsman, Star Trek Beyond). L’anglaise Annabelle Wallis complète le casting qui s’étoffe bientôt de la présence de Russell Crowe dans le rôle du Dr Jekyll. Avec la signature de Tom Cruise  le scénario est remanié par deux poids lourds :  son collaborateur régulier Christopher McQuarrie (Oscar du meilleur scénario pour Usual Suspectsqui a signé pour lui les scripts de Edge of  Tomorrow, Jack Reacher et Mission impossible Rogue Nation et   David Koepp (Mission: Impossible, Jurassic Park, Spider-Man) qui  signe aussi le script du prochain opus du Dark Universe La Fiancée de Frankenstein. Cruise incarne Nick Morton soldat américain qui profite de sa présence en Irak sous les ordres du colonel Greenway (Courtney B. Vance le Johnnie Cochrane d’American Crime Story) pour se livrer au pillage d’antiquités avec son camarade Chris Vail (Jake Johnson de la série The New Girl). Ayant dérobé à l’archéologue Jenny Halsey (Annabelle Wallis)  la carte d’un site antique  il met à jour une tombe égyptienne d’où ils extirpent le sarcophage de la princesse Ahmanet (Sofia Boutella) qui se réveille bien décidée à achever un rituel maléfique dont Nick  se révèle être malgré lui l’élément essentiel.

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Jenny Halsey (Annabelle Wallis) et Nick Morton (Tom Cruise) en train de se crasher

Aux chroniques de Cliffhanger & Co nous sommes des admirateurs déclarés de Tom Cruise et de la plupart des talents réunis ici autant dire que la déception est grande devant cette Momie version 2017 blockbuster qui semble surgir des années quatre vingt dont le script tient du monstre de Frankenstein, un assemblage de scènes prélevées sur d’autres films (un « emprunt » au Loup Garou de Londres de John Landis en particulier est à la limite du plagiat). La mise en scène d’Alex Kurtzman purement fonctionnelle  ne parvient pas à contrebalancer l’aspect générique du scénario par l’ ampleur d’un blockbuster. Il n’ a visiblement pas hérité du sens inné du spectaculaire dont a fait preuve son mentor J.J Abrams dés son premier film. Contrairement à d’autres novices dans l’exercice tels Gareth Edwards avec Godzilla ou Jordan Vogt Roberts sur Kong Skull Island son travail est anonyme, dénué d’ atmosphère ou de  point de vue. A la vision du film on sent bien que la seule extravagance budgétaire que ce soit autorisé Universal a été de s’attacher les services de Tom Cruise et Russell Crowe  tant la facture du film semble télévisuelle. Certes la star se démène joue de son charme encore juvénile malgré ses  cinquante ans passés (c’est lui la vraie momie) il court,  saute mais  peine à être plus  qu’une figurine dans cet enchaînement de péripéties liées par une intrigue mécanique pourtant bâtie par une armée prestigieuse de plumes mercenaires. Les rôles quasi-muets comme le rôle-titre nécessitent une présence forte, si grâce à son passé de danseuse  Sofia Boutella maîtrise son corps et  comme l’a prouvé Linda Blair dans l’Exorciste  la terreur n’attend point le nombre des années, elle manque de l’intensité nécessaire pour faire naître l’effroi. La superbe Annabelle Wallis se sort assez bien de son rôle cliché de scientifique, elle a un bon timing comique et son entente avec Cruise fonctionne. Que dire de l’interprétation par Russell Crowe du double-rôle le plus célèbre de la culture populaire si ce n’est qu’il semble être dirigé par Mel Brooks. Le ton du film, souvent à la comédie, on est plus près ici d’Abbott and Costello Meet the Mummy que du classique expressionniste de  Freund ,  prive les  moments dramatiques de leur impact. Le film n’est pas dépourvu de scènes spectaculaires (le crash de l’avion hélas éventé dans les bande-annonces) ou de bonnes idées (l’origine des sables que déchaîne Ahmanet) mais à l’exemple des développements du personnage de Cruise dans le dernier acte,  bien dans l’esprit des  classiques de la firme ils  ne sont pas exploités avec la solennité nécessaire.

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Ahmanet (Sofia Boutella) n’est pas contente…nous non plus

Un budget responsable n’est jamais une excuse pour l’absence d’ambition artistique comme le prouve souvent un Guillermo Del ToroLa pauvreté de l’imagerie est inexcusable quand on  se veut l’héritier de films qui ont imposé une esthétique si riche qu’elle  est encore une référence  de nos jours. Une friche industrielle, avec quelques bocaux avec des crânes de vampire , des gardes en simple tenue noire quel manque d’ambition pour matérialiser  le Quartier Général d’une organisation censée protéger notre monde des monstres et constituer le tissu connectif du Dark Universe (là encore la comparaison s’impose avec le travail d’un Del Toro sur les Hellboy  qui revendiquent les mêmes inspirations). Malgré quelques beaux plans comme la réveil de la Momie à Londres , on ne retient aucun design de créature , les morts-vivants qui la servent sont le plus souvent des squelettes desséchés  incarnés par des cascadeurs en costumes qui rappellent le clip  de Thriller de Michael Jackson ( leurs mouvements à leur éveil sont « empruntés » à World War Z , au passage exemple plus réussi de film horrifique classés PG-13 avec une énorme vedette). Les effets numériques  marquent bien peu de différence avec ceux d’ ILM pour  la version de 1999. La photographie de Ben Seresin (World War Z, Transformers 2, Unstoppable) nous a semblé terne plus proche de son travail sur Broken City que celui si riche sur No Pain No Gain. La musique pompière de Brian Tyler (Thor: Le monde des ténèbres , Fast & Furious) passe inaperçue faute d’un thème mémorable. Seul le vétéran monteur Paul Hirsch (Star Wars, Mission Impossible) se montre à la hauteur de sa réputation, son montage dynamique confère au film un rythme assez  fluide, il est l’électricité qui anime cette créature de Frankenstein.

Conclusion : Cette Momie version 2017, blockbuster sans saveur  constitue au regard des talents réunis devant et derrière la caméra une immense déception. Si il veut durer le Dark Universe devra muscler son jeu…

Ma Note : C-

La Momie ( The Mummy) d’Alex Kutzman (sortie le 14/06/2017)

La bande-annonce :

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