HOTEL ARTEMIS [Critique] Pension complète

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Si le concept de la première réalisation de Drew Pearce  : un hôtel très particulier réservé aux criminels qui peuvent s’y faire soigner à la condition de laisser leurs armes à l’entrée et de suspendre momentanément leurs activités violentes, évoque un des aspects des John Wick . Pourtant si ils partagent le fait de remettre au gout du jour des séries B de budgets moyens qui ont disparues depuis les années 90 et si comme  John Wick marquait le retour en force de Keanu Reeves Hotel Artemis ramène à l’écran après six ans d’absence (depuis ElysiumJodie Foster – qui semble développer un gout tardif pour la SF – les deux films sont très différents.  La Clarisse Starling du Silence des Agneaux  incarne ici  l’infirmière  agoraphobe  Jean Thomas  gestionnaire et médecin de garde de cet hôtel de Los Angeles démodé aux murs verts menthe tout en laiton et cuivre ,  qui cache en fait une clinique high-tech. Avec l’aide du colossal Everest (Dave Bautista ) elle se spécialise dans la réparation des blessures par balles qui attireraient l’ attention dans les service d’ urgences sur les clients de l’hôtel. L’action du film se déroule une nuit particulièrement agitée de 2028 où la privatisation de l’eau par les ultra-riches provoque les plus grandes émeutes que la ville ait connu. Les « clients » de l’hôtel cette nuit là sont un braqueur de banque Waikiki (Sterling K Brown) et son frère grièvement blessé  Honolulu (Brian Tyree Henry), une assassin internationale Nice (Sofia Boutella) et Acapulco (Charlie Day) un trafiquant d’armes au débit semblable aux mitraillettes dont il fait commerce . La situation se complique encore quand deux figures du passé de l’infirmière resurgissent  : Morgan (Jenny Slate) une policière qu’elle a connu dans sa « vie d’avant » qui, blessée, la supplie de la laisser entrer et le Wolf King (Jeff Goldblum) le plus grand criminel de LA et accessoirement propriétaire de l’hôtel , qui a été grièvement blessé dans une tentative d’assassinat  et  doit arriver bientôt avec sa suite.

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Comme on le voit l’intrigue comporte beaucoup d’éléments avec lesquels Pearce jongle  (sans doute avoir coécrit un Mission Impossible est  une formation utile à ce type d’exercice) et offre à des comédiens motivés une galerie de personnages très typés pour qui il brode des dialogues percutants (là encore son expérience aux cotés de Shane Black sur Iron Man 3 aura été utile.Le scénario de Pearce  plein des criminels pulp  a des  échos d’intrigues à la Agatha Christie avec ce groupe de criminels  confinés dans un très petit espace.  C’est une surprise de trouver quelqu’un de la stature de Foster dans un film  d’exploitation comme celui-ci mais elle y est impressionnante, même si  la trame autour de son passé est familière  elle apporte un supplément d’âme, une détermination et un bel  l’humour noir au personnage. Elle parvient  à nous convaincre que sa petite vieille dame perdue est, en fait, une héroïne tragique. Son entente avec Everest un Bautista  , une nouvelle fois excellent qui trouve une tendresse surprenante  dans ce rôle de brute attachante, est étonnamment touchante.  

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Certaines parties de l’histoire ne fonctionnent pas toujours, Pearce s’attarde trop sur une sous-intrigue  à base de stylo volé qui contient 80 millions de dollars de diamants, les flashbacks montrant le fils de l’infirmière sont lourds et certaines révélations sur les liens entre les différents personnages semblent artificielles. Mais il  maintient un tel niveau d’énergie  qu’il garde le film  en  perpétuel mouvement.  Si l’intrigue est efficace  elle est reconnaissons le  accessoire , ce qui compte ici, ce sont les personnages et  leurs échanges. Même le personnage de Foster est le plus développé ,  chaque protagoniste est intéressant . J’ai trouvé que Sterling K. Brown avait un charisme de dingue dans le film , c’est un acteur qui a une gamme de jeu très étendue et peut endosser des emplois très différents je ne m’attendais pas à ce qu’il soit si bon en  » badass suave » entravé par le poids de sa loyauté pour son frère. La bonne surprise c’est que Jeff Goldblum si il incarne un personnage haut en couleur évite le  cabotinage auquel il s’adonne souvent  grâce aus  dialogues aiguisés que lui a écrit Pearce. Sofia Boutella brille tout  particulièrement dans  le climax où se libère la violence de manière très stylisée et où elle tient  tête dans un couloir (on se croirait dans une série Netflix),  portant une élégante robe en soie à une horde de tueurs.   Il y a dans la géométrie et  la façon dont son corps est contraint par ce  lieu exigu quelque chose d’un roman graphique.

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Hotel Artemis porte la marque des films des années 90 puisant dans les genres et les styles populaires de cette époque,  son anticipation et son ambiance  de siège évoquent les  huis-clos de John Carpenter ainsi que le score atmosphérique de Cliff Martinez. Ses gangsters hauts en couleurs aux dialogues acérés évoquent les figures familières des films post Tarantino   on  pense à Dernières heures à Denver (Things to do in Denver When You’re Dead) pour les rites complexes de ces criminels et la mélancolie des personnages.

Conclusion : Malgré quelques défauts  avec son huis-clos Carpenterien , son ambiance entre neonoir et cyberpunk  ,  le charme de son brillant casting  et son humour ironique Hotel Artemis m’a renvoyé aux séries B des années 90 qu’on allait voir l’été  par temps de canicule. Merci pour la nostalgie M.Pearce !

Ma note : B+

Hotel Artemis de Drew Pearce (sortie le 25/07/2018)

 

 

 

 

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